Avalon

 

 

 

 

Avalon est la dernière demeure des chevaliers héroïques, appelée Ynys yr Afallon exactement, ce qui, dans la langue celte, signifie « l’île des pommes ». La pomme étant un fruit aux propriétés magiques, comme celle du jardin d’Eden, les pommes d’or des Hespérides et les pommes de jeunesse de la déesse scandinave Idun. L’île est aussi appelée « île de la fortune », comme celle du paradis primitif celte, si bien qu’il pourrait s’agir d’un seul et même lieu. Vers le centre de l’île il y a une forêt trouée de clairières fleuries, et au centre d’une de ces clairières, une église, construite par Joseph d’Arimathie lui-même, où le chevalier héroïque goûte la suprême joie d’adorer le Créateur qui lui donna, durant toute sa vie, la force de combattre le mal et de défendre les opprimés.

 

L’épée d’Arthur, Excalibur, a été forgée à Avalon, l’endroit où il fut emmené après la bataille de Camlann. Morgane la Fée, maîtresse de l’île, « déposa le roi…sur un lit d’or, ôta de ses mains de fées le bandage qui recouvrait sa blessure et examina celle-ci. Puis elle finit par dire qu’elle pourrait guérir le roi s’il voulait bien rester auprès d’elle un long moment et acceptait ses soins ».

 

 

 

 

 

 


Le départ d’Arthur pour l’île d’Avalon. Les femmes  s’adonnent à des démonstrations de deuil très violentes. Les « rameurs » portent des robes de moines, ce qui peut christianiser la scène, mais aussi avoir un rapport avec la figure mythologique Charon, le passeur des morts.

 

 

 

 

 

 

En 1191, des moines de l’abbaye de Glastonbury dans le Somerset (c’est à dire le Pays de l’été) découvrirent uen croix en plomb qui portait l’inscription suivante : hic iacet sepultus rex Arturius in insula Avalonia (ici, dans l’île d’Avalon, repose le célèbre roi Arthur). Environ trois mètres sous terre, au dessous de la croix, les moines trouvèrent un tronc d’arbre creusé contenant les os d’un homme et d’une femme. Ils se dirent que Glastonbury portait autrefois le nom d’Avalon ! Mais quel nom était le plus ancien ? Falsifièrent-ils la tombe pour justifier une vieille tradition selon laquelle Arthur aurait été enterré à Glastonbury ? Ou apposèrent-ils la fameuse inscription sur la tombe après avoir trouvé cette dernière ?

Ce que prétendent les moines n’est pas impossible. Glastonbury, ville brumeuse, avec sa vaste abbaye en ruine (qui fut l’une des plus puissantes d’Angleterre entre le VIIè et le XVIè siècle), fut un jour presque une île dans une île, construite autour de la colline de la Tour et du Calice, et entourée de lacs et de marais. L’endroit où vous situez Avalon dépend de votre opinion au sujet d’Arthur : est-il mort de ses blessures ou bien est-il guéri et simplement endormi, jusqu’au jour où il s’éveillera et reviendra ?

Mais visiter Glastonbury – en esprit ou à pied -, c’est dans tous les cas se rapprocher de la foi arthurienne. La tradition associant le bâton de Joseph d’Arimathie avec l’épine de Glastonbury, une espèce d’Aubépine du Proche-Orient qui fleurit fin décembre ou début janvier, pourrait ne remonter qu’à deux ou trois cents ans. Mais Glastonbury est aussi le lieu où Joseph aurait  apporté et laissé le calice (ou Saint Graal) utilisé par le Christ et ses disciples au cours de la Cène. C’est l’endroit où Guenièvre a été enlevée, où Lancelot a vécut en ermite et où Bedivere a jeté Excalibur dans l’eau. Les siècles passent, mais cette contrée continue d’incarner les mystères arthuriens.