Avalon est la dernière demeure des chevaliers héroïques,
appelée Ynys yr Afallon exactement, ce qui, dans la langue celte, signifie
« l’île des pommes ». La pomme étant un fruit aux propriétés magiques,
comme celle du jardin d’Eden, les pommes d’or des Hespérides et les pommes de
jeunesse de la déesse scandinave Idun. L’île est aussi appelée « île de la
fortune », comme celle du paradis primitif celte, si bien qu’il pourrait
s’agir d’un seul et même lieu. Vers le centre de l’île il y a une forêt trouée
de clairières fleuries, et au centre d’une de ces clairières, une église,
construite par Joseph d’Arimathie lui-même, où le chevalier héroïque goûte la
suprême joie d’adorer le Créateur qui lui donna, durant toute sa vie, la force
de combattre le mal et de défendre les opprimés.
L’épée d’Arthur, Excalibur,
a été forgée à Avalon, l’endroit où il fut emmené après la bataille de Camlann.
Morgane la Fée,
maîtresse de l’île, « déposa le roi…sur un lit d’or, ôta de ses mains de
fées le bandage qui recouvrait sa blessure et examina celle-ci. Puis elle finit
par dire qu’elle pourrait guérir le roi s’il voulait bien rester auprès d’elle
un long moment et acceptait ses soins ».
Le départ d’Arthur pour l’île d’Avalon. Les femmes s’adonnent à des démonstrations de deuil très violentes. Les « rameurs » portent des robes de moines, ce qui peut christianiser la scène, mais aussi avoir un rapport avec la figure mythologique Charon, le passeur des morts.
Ce que prétendent les moines n’est pas impossible.
Glastonbury, ville brumeuse, avec sa vaste abbaye en ruine (qui fut l’une des
plus puissantes d’Angleterre entre le VIIè et le XVIè siècle), fut un jour
presque une île dans une île, construite autour de la colline de la Tour et du
Calice, et entourée de lacs et de marais. L’endroit où vous situez Avalon
dépend de votre opinion au sujet d’Arthur : est-il mort de ses blessures
ou bien est-il guéri et simplement endormi, jusqu’au jour où il s’éveillera et
reviendra ?
Mais visiter Glastonbury – en esprit ou à pied -, c’est
dans tous les cas se rapprocher de la foi arthurienne. La tradition associant
le bâton de Joseph d’Arimathie avec l’épine de Glastonbury, une espèce
d’Aubépine du Proche-Orient qui fleurit fin décembre ou début janvier, pourrait
ne remonter qu’à deux ou trois cents ans. Mais Glastonbury est aussi le lieu où
Joseph aurait apporté et laissé le calice
(ou Saint Graal)
utilisé par le Christ et ses disciples au cours de la Cène. C’est l’endroit où
Guenièvre a été enlevée, où Lancelot
a vécut en ermite et où Bedivere a jeté Excalibur dans l’eau. Les siècles
passent, mais cette contrée continue d’incarner les mystères arthuriens.