La
quête du Saint Graal
La marque
la plus claire de la transformation progressive d’Arthur en défenseur de la
chrétienté est voir dans le lien qui
s’établit entre le roi et le Graal, inventé par Chrétien de Troyes. Le problème
est qu’on ne sait absolument pas à l’heure actuelle ce qu’est un Graal, à plus
forte raison « le » Graal. Ustensile magique à l’origine, nourricier
et guérisseur,
il est par la suite fortement christianisé, et devient, à partir de Robert de
Boron, la coupe dans laquelle Joseph
d’Arimathie a recueilli le
sang du Christ sur la croix. En tant que chef des chevaliers de la Table Ronde
qui s’engage dans la quête du « Saint » Graal, Arthur est
manifestement un roi chrétien.
Ainsi l’intégration du Saint Graal
dans la légende du roi Arthur ramène à Joseph d’Arimathie qui avait apporté le
Graal en Grande-Bretagne ; cependant on ne l’avait pas vu depuis des
années et selon le roi Arthur il ne pouvait y avoir de
Joseph
d’Arimathie
paix ou de prospérité durables tant qu’on ne
le retrouverait pas.
Le Graal ne pouvait être vu que par des êtres sans défauts, ; et Arthur doutait que lui ou l’un de ses chevaliers fut aussi parfait. C’est alors qu’un nouveau chevalier, le prince Galaad, entre à la Cour. C’était un jeune homme remarquable par sa force, sa grâce et sa beauté. C’était le fils de Lancelot. Les autre chevaliers remarquèrent qu’il ne portait pas d’armes et que son fourreau était vide.
Au même moment, un écuyer apportait
une nouvelle étonnante : une énorme pierre flottait sur la rivière, en
aval de Camelot, et dans la pierre était fichée une épée à la garde incrustée
de pierreries, sur laquelle on pouvait voir cette inscription : « Ne
me prendra que celui qui me gardera à son flanc, ce sera le meilleur chevalier
du monde ».
Une fois de plus, les chevaliers de Grande-Bretagne
rivalisèrent de force pour extirper l’épée miraculeuse, mais seul Galaad
réussit. Lorsqu’il mit l’épée à son fourreau, les chevaliers comprirent qu’ils
partiraient bientôt à la quête du Saint Graal.
Une troupe de cent-cinquante hommes quitta Camelot dans
une cavalcade étincelante, avec ses armes, ses armures, ses bannières et ses
écussons. Au cours de l’aventure, maints chevaliers moururent ; d’autres, épuisés,
revinrent à Camelot. Lancelot s’en retourna, le cœur brisé, parce qu’il avait
aperçu le Graal, qui avait aussitôt disparu. Seuls les chevaliers Galaad, Perceval et Bohort, poursuivirent la quête. Après de terribles
aventures, ils rencontrèrent Joseph d’Arimathie, qui leur montra le Graal.
Submergé de joie, Galaad priait Dieu d’aller au Paradis, et le chevalier sans
défaut fut transporté par les anges au ciel. Bouleversé par sa mort, Perceval
se fit ermite, et Bohort retourna à Camelot annoncer que la Quête était finie.
La fille du roi Pêcheur, le roi Pellès, gardien du
Graal, vient à la Cour demander aux chevaliers de la Table Ronde de partir à la
quête du Graal, afin de délivrer son royaume (la Terre Gaste) de sa misère.