Merlin

Merlin est le fils du diable et d’une vierge. Il se situe au carrefour du bien et du mal, des forces de vie et des forces de mort. Son origine mi-diabolique mi-virginale lui vaut de connaître tous les mystères su passé c’est la part du diable) et d’annoncer l’avenir (c’est la part de Dieu), grâce à l’aveu de sa mère, vierge subornée aussitôt repentie et pardonnée.

C’est un magicien, un enchanteur. Il connaît les secrets des choses : il révèle au roi usurpateur Vortigern que deux dragons, un blanc et un rouge, se font la guerre sous la tour de son château, que la lutte qui les oppose aboutira à la victoire du blanc, symbole de la légitimité manifestée par le roi Uter Pendragon.

Merlin, conseiller de ce dernier, imaginera le subterfuge permettant au souverain de séduire la duchesse Ygerne, dont il aura un fils, Arthur. C’est encore Merlin qui donne à Arthur l’idée de la Table Ronde, la « Troisième Table » ou « Table du Graal ».

Merlin et Arthur

Merlin assure l’éducation secrète d’Arthur, puis son couronnement. C’est par lui que les traditions se croisent et s’enrichissent, puisque Merlin, prophète ambigu des Celtes, assure, par l’intermédiaire d’Arthur et de la Table Ronde, le développement des valeurs du christianisme dans l’imaginaire de l’Europe médiévale.

De l’histoire fabuleuse de Merlin, on retient aussi ses relations avec la fée Viviane, dite la « Dame du Lac », initiatrice de Lancelot. Amoureux d’elle, il consent à lui faire partager ses savoirs secrets. Pour mieux « posséder » Merlin, ou sa force magique, Viviane ira jusqu’à l’enfermer dans une « prison d’air » qui le rend invisible et ne lui permet de communiquer que par la voix. Les aventures de ce couple d’enchanteurs se déroulent en forêt de Brocéliande.

Certains écrits donnent à la « fin » de la vie de Merlin un caractère énigmatique : Merlin se retire au cœur de la forêt, dans une demeure au nom étrange, « l’Esplumeor », et il s’y tient en secret, loin du monde, prêt au service prophétique quand les temps seront venus.

Depuis le XIXème siècle, l’Enchanteur Merlin est le plus souvent représenté sous les traits d’un vieillard respectable, vêtu de la longue robe du magicien (comme sur cette broderie de Williams Worris). Mais dans les textes médiévaux, il est avant tout le « sage enfant » qui fait ses premières prophéties alors qu’il n’a que sept ans, et ensuite le maître des illusions qui peut prendre à son gré n’importe quelle apparence (y compris celle d’un cerf), sans qu’on sache jamais quel est son vrai visage.