Une fantastique floraison littéraire
 

 

 

 


Arthur est présent dans les textes extrêmement tôt. Mais, si ancien que soient les ouvrages qui en font mention, ils n’en demeurent pas moins un hiatus d’au moins quatre-vingt ou cent ans entre les évènements décrits et les chroniques qui en rendent compte…le dé excidio Britanniae de Gildas est sans doute le texte le plus ancien, composé aux alentours de 550, donc moins d’un siècle après les faits. Mais Gildas est un « saint » et un écrivain vivement partisan ; son récit, très sujet à caution, réorganise la vérité historique, selon laquelle la Grande-Bretagne et entrée dans un processus de destruction due à la décadence des mœurs. L’image qu’il donne d’Arthur est celle d’un souverain séculier qui a de nombreux démêlés avec les hommes de Dieu dont, bien sûr, il ne sort pas vainqueur.

Jadis attribuée au chroniqueur connu sous le nom de Nennius, l’Historia Britonum est maintenant considérée comme un texte anonyme. Il est permis de supposer qu’une première version ait existé au début du IX ème siècle. C’est là peut-être que l’image d’Arthur, avant la chronique décisive de Geoffroi de Monmouth, se détache le plus nettement, et c’est là sans doute, que ce dernier a trouvé l’essentiel de ses informations.

 

Il est probable que toute l’œuvre française, trouve ses sources dans la tradition celtique. Le cycle arthurien naquit essentiellement de cette rencontre entre deux cultures, entre deux peuples.

C’est à partir du Roman de Brut écrit par Robert Wace que la figure d’Arthur fait son entrée dans le champ littéraire. Sa carrière va être fulgurante : pendant près d’un siècle et demi, « le roman arthurien » sera l’un des genres les plus riches et les plus vivants du Moyen-Age français. Tous les pays d’Europe vont emprunter à la littérature « romane » le cadre et les motifs du récit, et parfois les récits eux-mêmes, traduits ou adaptés, selon l’esprit local. Chrétien de Troyes est sans doute le plus réputé des écrivains du cycle arthurien. Il écrivit cinq romans dont le Conte du Graal, qui met en relation le monde d’Arthur et un chevalier jusqu’alors inconnu, Perceval le Gallois.

Au tournant du XII ème siècle, un certain Robert de Boron ( dont le nom est construit à partir des textes du Graal et qui n’a sans doute jamais existé) compose, en vers, une sorte de prologue au conte du Graal et en donne une interprétation résolument chrétienne.

Plus tard, d’autres romans verront le jour, tel le roman de Perceforest , composé dans la première moitié qu XIV ème siècle. Cette intéressante version fait d’Alexandre le Grand, qui séjourne quelque temps en Bretagne, l’ancêtre d’Arthur.

 

 

De nombreux poèmes ont également fait surface à propos de la légende arthurienne, nous vous en proposons un ici, avec un essai de traduction sommaire :

 

 

Comme des âmes qui balancent entre la joie et la peine,

Avec larmes et sourires toujours divins

La demoiselle printemps au-dessus de la plaine

Venait dans la pluie crépusculaire.

Partout dans l’air vaporeux

Des îles bleues célestes riaient entre elles,

Et plus loin, dans les forêts profondes invisibles,

Le plus bel orme cueillait le vert

Des courants d’air embaumés.

            Parfois (the linnet) transportait son chant ;

Parfois (the throstle) sifflait fort ;

Parfois (the sparhawk), poussé au long,

Faisait taire tous les bocages de la peur du mal ;

Avec des touffes herbeuses et plus de son

En courbe courait la rivière jaunissante,

Et les châtaignes tombantes commencèrent

A s’étendre en un parfait éventail,

Au dessus du sol trempé.

            Alors, dans l’enfance de leur âge,

Sir Lancelot et Reine Guenièvre

Chevauchaient à travers le refuge du cerf,

Accompagnés de la claire mélodie du bienheureux                   .                                                                    [soprano.

Elle semblait un morceau de printemps joyeux ;

Une robe en soie d’herbe verte elle portait,

Bouclée par des fermoirs d’or ;

Une touffe de plumes vert étincelant elle arborait

Terminée d’un anneau d’or.

 

            Aujourd’hui sur quelques lierres entremêlés,

Aujourd’hui par quelques tintements de l’eau,

Dans les mousses mélangées de violettes

Son blanc mulet revêt son passé ;

Et plus (fleet) aujourd’hui elle écume les plaines

Que les printemps des elfs caracoleurs

Par la nuit pour de sinistres (warblings),

Quand tous les luisantes landes sonnent

Avec le tintement des rênes.

Comme elle s’enfuyait vite vers le soleil et l’ombre,

Les vents joyeux jouaient au-dessus d’elle,

Soufflant les boucles de ses tresses 

Elle était si jolie, comme elle balançait

Les rênes de ses doigts délicats.

Un homme aurait donné toute sa félicité

Et toute la valeur de ses mots pour ceci,

Pour donner son cœur entier en un baiser

Sur ses lèvres parfaites.

 
Sir Launcelot and Queen Guinevere
A fragment

   Like souls that balance joy and pain,             
With tears and smiles from heaven again            
The maiden Spring upon the plain
Came in a sunlit fall of rain.
In crystal vapor everywhere
Blue isles of heaven laugh'd between,
And far, in forest-deeps unseen,
The topmost elm-tree gather'd green
From draughts of balmy air.

   Sometimes the linnet piped his song;
Sometimes the throstle whistled strong;
Sometimes the sparhawk, wheel'd along,
Hush'd all the groves from fear of wrong;
By grassy capes with fuller sound
In curves the yellowing river ran,
And drooping chestnut-buds began
To spread into the perfect fan,
Above the teeming ground.

Then, in the boyhood of the year,
Sir Launcelot and Queen Guinevere
Rode thro' the coverts of the deer,
With blissful treble ringing clear.
She seem'd a part of joyous Spring;
A gown of grass-green silk she wore,
Buckled with golden clasps before;
A light-green tuft of plumes she bore
Closed in a golden ring.

Now on some twisted ivy-net,
Now by some tinkling rivulet,
In mosses mixt with violet
Her cream-white mule his pastern set;
And fleeter now she skimm'd the plains
Than she whose elfin prancer springs
By night to eery warblings,
When all the glimmering moorland rings
With jingling bridle-reins.

  
As she fled fast thro' sun and shade,
The happy winds upon her play'd,
Blowing the ringlet from the braid.
She look'd so lovely, as she sway'd
The rein with dainty finger-tips,
A man had given all other bliss,
And all his worldly worth for this,
To waste his whole heart in one kiss
Upon her perfect lips.